Diaspora, ressources et résistances : un voyage de Kinshasa au Burkina en passant par les Caraïbes

Guadeloupe - Inde : la carte OCI, un lien ancestral enfin renoué

Après plus d’un siècle et demi d’attente, la Guadeloupe et l’Inde renouent officiellement leurs liens historiques. Les premières cartes de “Citoyen d’Outre-mer de l’Inde” (OCI) viennent d’être délivrées sur l’île, marquant un tournant majeur pour la communauté guadeloupéenne d’origine indienne. Une victoire symbolique, identitaire et diplomatique qui répare un oubli vieux de 150 ans.

Un combat de 40 ans pour la reconnaissance

Arrivés au 19ᵉ siècle, les travailleurs indiens ont profondément marqué la culture et l’économie guadeloupéennes. Pourtant, pendant près d’un siècle et demi, leurs descendants ont ressenti le poids d’un silence venu de la terre de leurs ancêtres.
« L’Inde a quelque part oublié pendant 150 ans notre existence », confiait Judes Sahaï, cofondateur de l’association Soleil Indien.

L’obtention de la carte OCI n’est donc pas une simple formalité : c’est l’aboutissement d’un combat de quatre décennies pour une reconnaissance identitaire et symbolique. Une quête patiente menée par des générations déterminées à retisser le fil d’une histoire interrompue.

Le sésame tant attendu

La carte OCI (Overseas Citizen of India) est bien plus qu’un passeport culturel. C’est un statut officiel qui accorde à ses détenteurs un visa à vie pour l’Inde, le droit d’y travailler, d’y investir et d’y séjourner librement.
Pendant des décennies, ce précieux document était resté inaccessible aux Indo-Guadeloupéens, les maintenant dans une forme d’oubli administratif. Aujourd’hui, cette page se tourne enfin.

Un rapprochement diplomatique historique

Le déclic est venu d’un dialogue diplomatique renforcé entre la Guadeloupe et l’ambassade de l’Inde en France. La visite du ministre consulaire Praveen Kumar en novembre 2023 a marqué un tournant. En rencontrant les acteurs de la communauté, il a mesuré l’ampleur de leur attente.

Quelques semaines plus tard, la venue de l’ambassadeur Jawad Ashraf a permis de concrétiser la promesse : faciliter l’accès à la carte OCI.
Et c’est désormais chose faite, un moment d’émotion et de fierté pour celles et ceux qui tiennent entre leurs mains ce symbole de reconnexion.

Plus qu’une carte, un symbole de mémoire et d’identité

Pour Judes Sahaï, cette carte a une valeur à la fois culturelle et émotionnelle. Elle vient clore des décennies d’efforts, tout en renforçant paradoxalement le sentiment d’appartenance à la Guadeloupe.
« Loin de diluer notre identité, ce lien avec l’Inde vient l’enrichir », explique-t-il.

Cette double appartenance illustre la richesse du métissage créole. À l’image du fameux Colombo guadeloupéen, plat emblématique né de la rencontre entre héritage indien et créativité caribéenne, la culture indo-guadeloupéenne continue de prouver que les identités multiples sont une force.

De nouvelles portes s’ouvrent

La carte OCI ouvre désormais des opportunités concrètes : échanges universitaires, investissements, partenariats économiques et culturels.
Mais elle marque aussi un tournant dans la narration de la diaspora : il ne s’agit plus seulement de “retrouver la mère patrie”, mais de construire un dialogue réciproque.
Comme le dit joliment Judes Sahaï : « L’Inde a aussi des leçons à apprendre de chez nous. »

Un défi à relever : rendre la démarche accessible à tous

Sur les quelque 30 000 Guadeloupéens potentiellement éligibles, seule une dizaine a pour l’instant obtenu la carte OCI.
En cause : des démarches administratives complexes, nécessitant la preuve généalogique du lien avec l’Inde. Des associations se mobilisent pour accompagner les familles dans ces recherches, espérant transformer cette victoire symbolique en un bénéfice collectif.

Une histoire qui se poursuit

Cette reconnaissance marque un nouveau chapitre dans l’histoire partagée entre la Guadeloupe et l’Inde, une histoire de mémoire, de fierté et d’avenir.
Après 150 ans d’oubli, les racines ne sont plus un souvenir lointain : elles deviennent une passerelle vivante entre les continents.

Burkina Faso : du contrôle étranger à la souveraineté aurifère ?

Depuis la prise de pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré, le Burkina Faso affirme avoir repris la main sur ses ressources minières, notamment l’or, pilier stratégique de son économie. Entre chiffres impressionnants et interrogations sur la transparence, retour sur un virage économique à forte portée symbolique.

Avant Traoré : un or burkinabè sous pavillon étranger

Avant la transition militaire de 2022, les mines d’or du Burkina Faso étaient largement dominées par des compagnies étrangères. Selon certaines sources, le pays recevait environ 1 milliard de dollars par an de revenus issus de l’exploitation aurifère, un chiffre qui, malgré son importance, ne reflétait qu’une infime partie des richesses extraites du sous-sol burkinabè.

En 2021, la compagnie canadienne Fortuna Silver Mines a pris le contrôle de la mine d’or Yaramoko, suite au rachat de Roxgold, son ancien propriétaire. Cette année-là, elle a versé 21 millions de dollars canadiens (environ 15 millions USD) en impôts au gouvernement burkinabè.

Mais en 2022, l’équilibre change. Alors que le capitaine Ibrahim Traoré prend le pouvoir à la suite d’un coup d’État militaire, les revenus de l’État liés à la mine chutent : seulement 18 millions USD versés, soit une baisse de 40 % sur un an. Une contraction expliquée par la forte diminution des impôts miniers, tombés à 3,33 millions CAD.

L’ère Traoré : un virage nationaliste assumé

Depuis la fin 2022, le discours du nouveau gouvernement est clair : reprendre le contrôle de l’or burkinabè. D’après les chiffres officiels, 18 milliards de dollars de revenus auraient été générés depuis l’arrivée au pouvoir du capitaine Traoré, des fonds désormais, selon les autorités, réinvestis dans les services publics, la santé, l’éducation et la sécurité.

Le message est politique : mettre fin à des décennies d’exploitation où les profits des mines d’or échappaient au peuple burkinabè. Ce repositionnement économique s’inscrit dans une dynamique plus large de souveraineté panafricaine prônée par plusieurs régimes de transition en Afrique de l’Ouest.

Entre promesses et doutes

Malgré ces annonces ambitieuses, les défis restent nombreux. Le Burkina Faso demeure l’un des plus grands producteurs d’or du continent, mais aussi l’un des plus fragiles sur le plan sécuritaire. Les attaques djihadistes continuent de peser sur les zones minières et sur la stabilité du pays.

Des analystes indépendants et des organisations de la société civile réclament aujourd’hui plus de transparence : publication régulière des rapports miniers, audits indépendants et suivi public de l’utilisation des 18 milliards de dollars annoncés.

Pendant ce temps, les entreprises étrangères comme Fortuna Silver Mines poursuivent leurs opérations : en 2023, la compagnie visait une production comprise entre 92 000 et 102 000 onces d’or à Yaramoko, preuve que, malgré la rhétorique nationaliste, l’or burkinabè reste encore partiellement entre des mains étrangères.

Sous la direction du capitaine Ibrahim Traoré, le Burkina Faso affirme vouloir reprendre le contrôle de ses ressources aurifères pour en faire un levier de développement national. Le gouvernement met en avant une gestion tournée vers le financement des secteurs clés du pays, tandis que plusieurs voix de la société civile appellent à davantage de transparence et de supervision indépendante afin de garantir que cette richesse profite réellement au peuple burkinabè.

Montée des tensions aux Caraïbes : Washington joue avec le feu, Caracas riposte

Dimanche 26 octobre, un navire de guerre américain, l’USS Gravely, a jeté l’ancre à Port d’Espagne, la capitale de Trinité-et-Tobago. Officiellement, il s’agit d’un exercice militaire et d’une “coopération en matière de sécurité”. Officieusement, c’est une démonstration de force à quelques kilomètres à peine des côtes vénézuéliennes.

Et cette présence n’a rien d’anodin. À Caracas, la nouvelle a été reçue comme une provocation directe. Le président Nicolás Maduro dénonce une manœuvre destinée à “inventer une nouvelle guerre dans les Caraïbes”. Derrière les sourires diplomatiques, la tension monte dangereusement.

Quand les Caraïbes deviennent terrain de jeu des puissances

L’arrivée du USS Gravely, accompagné de marines américains, n’est que le début. Washington prévoit déjà l’envoi du porte-avions Gerald R. Ford, le plus grand du monde. Une escalade militaire qui rappelle tristement les logiques de domination des décennies passées : les États-Unis dictent, les petites nations subissent.

Mais cette fois, les Caraïbes regardent. Et beaucoup s’interrogent : à qui profite vraiment cette présence ?

Le Venezuela accuse : “Le pétrole et le pouvoir, voilà le vrai enjeu”

Maduro n’a pas mâché ses mots. Pour lui, tout cela n’a qu’un objectif : faire tomber son gouvernement et s’emparer des réserves de pétrole du pays. Le président vénézuélien affirme que la CIA serait impliquée dans une opération sous faux drapeau visant à justifier une “attaque militaire complète”.

Pendant que Washington parle de lutte contre le narcotrafic, Caracas parle de colonialisme moderne. Et dans cette bataille narrative, les peuples des Caraïbes se retrouvent, une fois encore, au milieu du feu croisé.

Trinité-et-Tobago entre coopération et contradiction

Le gouvernement trinidadien, dirigé par Kamla Persad-Bissessar, se veut rassurant. Selon son communiqué, la venue du navire vise à “renforcer la lutte contre la criminalité transnationale” et à rendre la région “plus sûre et plus prospère”.

Mais beaucoup n’y croient pas. Dans les rues de Port d’Espagne, la peur monte. “On est pris entre deux murs”, confie Daniel Holder, un habitant. D’autres parlent de “guerre importée” et redoutent que leur île ne devienne un champ de bataille.

Les voix du peuple : entre peur, colère et désir de paix

Les témoignages sont poignants. “Nous voulons la paix, pas des bombes”, affirme Rhonda Williams, réceptionniste trinidadienne de 38 ans. “Les États-Unis s’immiscent partout. Ce n’est pas pour nous protéger, c’est pour contrôler”, déclare Randy Agard, un visiteur américain.

Du côté de la communauté vénézuélienne exilée, la peur est encore plus palpable. “C’est alarmant. Nous savons ce que cela signifie : la guerre”, souffle un jardinier vénézuélien, inquiet pour sa famille restée au pays.

Des frappes déjà meurtrières

Depuis septembre, les États-Unis ont revendiqué dix frappes aériennes dans les eaux caribéennes, causant la mort d’au moins quarante-trois personnes, dont deux Trinidadiens. Officiellement, il s’agissait de “trafiquants”. Officieusement, les doutes persistent : qui décide, qui enquête, et surtout, qui pleure ? L’arrivée de l’USS Gravely n’est donc pas un simple événement militaire, mais bien le symbole d’une souveraineté caribéenne fragilisée, d’une région encore trop souvent traitée comme un pion sur l’échiquier des grandes puissances, plutôt que comme un ensemble de nations libres. À Karib Afrik, nous croyons en une Caraïbe debout, consciente, unie et souveraine. Une Caraïbe qui refuse d’être le théâtre des ambitions d’autrui. Parce que nos mers ne sont pas des champs de bataille.

Mike Tyson sur la terre de ses ancêtres : Kinshasa célèbre 50 ans du mythique combat Ali–Foreman

Kinshasa, RDC _ 22 octobre 2025

Un demi-siècle après le légendaire « Rumble in the Jungle », Kinshasa a renoué avec la légende. Ce week-end, la capitale congolaise a lancé les festivités du cinquantenaire du combat Ali–Foreman (1974) , un événement gravé dans l’histoire du sport mondial. Et pour marquer ce moment, un invité d’honneur d’exception : Mike Tyson, l’icône absolue de la boxe, venu fouler la terre de ses ancêtres.

Une célébration entre mémoire et émotion

Au Salon Congo de l’hôtel Hilton, diplomates, sportifs, artistes et médias internationaux se sont réunis pour revivre la magie de ce combat qui avait mis Kinshasa au centre du monde.
Devant un public conquis, Mike Tyson a livré un discours empreint d’émotion et de gratitude : « C’est une bénédiction et un honneur de marcher sur la terre où Muhammad Ali a combattu. » Mais le moment le plus fort est venu ensuite…

Révélation : Mike Tyson, “fils du pays”

Dans un silence suspendu, l’ancien champion a révélé que les résultats d’un test ADN avaient confirmé ses origines congolaises. « Je marche aujourd’hui sur la terre de mes ancêtres. Aidez-moi à découvrir de quelle tribu je viens », a-t-il lancé, déclenchant une ovation du public.

En un instant, Tyson n’était plus un simple invité : il devenait un fils retrouvé de la RDC.
Une symbolique puissante pour un pays qui, il y a 50 ans, avait accueilli Ali et Foreman dans un combat qui dépassait le sport, un combat pour la dignité et la fierté noire.

Héritage et avenir : la flamme continue

Sous la houlette de Déo Kasongo, PDG de DIVO International et maître d’œuvre de l’événement, cette célébration a pris des airs de devoir de mémoire.
Pour sceller cet héritage, les autorités ont annoncé que le stade principal du complexe Tata Raphaël portera désormais le nom de « Stade Ali–Foreman », un geste fort pour immortaliser ce pan de l’histoire congolaise et mondiale.

Mais les festivités ne se sont pas limitées à la nostalgie.
Mike Tyson a participé à plusieurs initiatives pour encourager la jeunesse sportive congolaise : footing populaire, séances d’entraînement public, et lancement d’une Masterclass de boxe destinée à former la relève.

Une rencontre symbolique avec le Président Tshisekedi

Avant de quitter la RDC, Tyson a été reçu à la Cité de l’Union Africaine par le Président Félix Tshisekedi. Ensemble, ils ont échangé sur d’éventuels projets de collaboration à long terme, l’ancien champion promettant de revenir sur la terre de ses origines.

Quand l’histoire se répète, l’Afrique rayonne

Cinquante ans après Ali, la venue de Mike Tyson à Kinshasa dépasse la simple commémoration.
C’est une rencontre entre passé et avenir, entre légende et héritage, entre l’Afrique et sa diaspora.
Une preuve que, même des décennies plus tard, le souffle du « Rumble in the Jungle » continue de faire battre le cœur du continent.

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