Addis-Abeba : Afrique & CARICOM, l’heure de l’union historique a sonné

Addis-Abeba, septembre 2025

Dans la salle Nelson Mandela du siège de l’Union Africaine, les mots ont résonné comme une promesse et un rappel : l’Afrique et les Caraïbes ne forment qu’un seul peuple, séparé par l’histoire mais uni par la mémoire et le combat.

Le 2ᵉ Sommet Afrique–CARICOM, organisé pour la première fois en présentiel, a marqué un tournant. Ce n’était pas seulement une rencontre diplomatique. C’était un retour aux sources, une réaffirmation de ce lien de sang, forgé par la douleur de l’esclavage et la résistance face à l’oppression.

Retour au berceau

Pour la CARICOM, fouler le sol éthiopien, cette terre qui n’a jamais plié devant la colonisation, avait une portée immense. Addis-Abeba a incarné ce que Marcus Garvey, Kwame Nkrumah ou encore Patrice Lumumba rêvaient : une diaspora qui se lève, consciente de sa force et de son héritage.
Comme l’a rappelé le sommet : nous ne construisons pas un simple partenariat, nous réaffirmons une famille.

Justice et réparations : l’exigence d’une génération

Au cœur des débats : la justice réparatrice.
Car oui, l’esclavage et la colonisation ont fracturé nos sociétés et appauvri nos nations. Oui, des générations entières ont porté le poids de crimes contre l’humanité sans qu’aucune réparation ne soit faite.

La Commission des réparations de la CARICOM, pionnière sur ce terrain depuis plus de dix ans, a rappelé que l’heure n’est plus aux excuses symboliques. L’Afrique et la Caraïbe exigent désormais des mécanismes concrets, financiers, politiques et sociaux , pour rééquilibrer un ordre mondial construit sur notre exploitation.

Des actions concrètes pour unir les rives

Ce sommet n’a pas été qu’une vitrine d’intentions. Déjà, des initiatives avancent :

  • Santé : le partenariat HeDPAC (Health Development Partnership for Africa and the Caribbean) est lancé, avec un plan d’action clair pour renforcer la résilience sanitaire.

  • Économie & finance : Afreximbank a implanté son siège caribéen à la Barbade, soutenant les forums AfriCaribbean et l’investissement croisé.

  • Transport & mobilité : discussions sur un accord multilatéral aérien et projet LIAT 2020 entre Antigua-et-Barbuda et le Nigéria pour connecter enfin nos peuples séparés par l’océan.

  • Commerce & investissement : appel pressant à intensifier les échanges privés, condition essentielle d’une souveraineté économique partagée.

Face au climat et à l’injustice globale

L’Afrique et la Caraïbe subissent de plein fouet une crise climatique qu’elles n’ont pas créée. Ensemble, elles ne représentent que 6 % des émissions mondiales, mais elles en paient le prix le plus lourd.
C’est pourquoi le sommet a insisté sur un plaidoyer commun pour une réforme du système financier international (Initiative de Bridgetown), afin que la voix du Sud ne soit plus marginalisée mais entendue.

Vers une renaissance panafricaine

Ce sommet est plus qu’une réunion protocolaire. C’est un appel.
Un appel à renouer avec l’héritage des luttes afro descendantes. Un appel à transformer notre douleur historique en pouvoir collectif.
Un appel à écrire une nouvelle page de l’histoire où l’Atlantique ne sera plus un mur qui nous sépare, mais un pont qui nous relie.

Oui, Addis-Abeba pourrait rester dans les mémoires comme le lieu où une nouvelle ère panafricaine a pris son élan. Une ère où nos peuples ne se contentent plus de survivre, mais s’unissent pour prospérer.

Voilà la vérité : l’Afrique et la Caraïbe n’attendent plus la reconnaissance des anciens empires. Elles bâtissent, ensemble, leur propre avenir.

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