De Kinshasa à Cuba : fiertés capillaires, guerre occultée, tourisme en chute

L’Union Africaine soutient la campagne « Correct the Map » pour redonner à l’Afrique sa juste place

L’Union Africaine a récemment annoncé son soutien à la campagne « Correct the Map » (« Corriger la carte »), une initiative portée par les organisations africaines de plaidoyer Africa No Filter et Speak Up Africa.

Leur objectif : remettre en question les représentations cartographiques actuelles, qui minimisent considérablement la taille réelle du continent africain.

Depuis des siècles, l’Afrique apparaît artificiellement réduite de moitié sur les cartes mondiales, conséquence directe de la projection de Mercator mise au point au XVIᵉ siècle. Si ce système facilitait la navigation maritime en permettant de suivre un cap constant à la boussole, il déformait en revanche les proportions des terres : le Groenland y semble presque aussi vaste que l’Afrique, alors qu’en réalité, le continent noir est 14 fois plus grand.

Pour Fara Ndiaye, directrice adjointe de Speak Up Africa, « corriger la carte, c’est bien plus qu’un détail technique : c’est un geste symbolique fort qui touche au récit que nous voulons construire autour de l’Afrique ».

En d’autres termes, il ne s’agit pas seulement de rectifier une erreur géographique, mais aussi de mener un acte décolonial, en réaffirmant la grandeur et l’importance du continent dans l’imaginaire mondial.

Cette campagne suscite déjà un large soutien, en Afrique comme à l’international.

L’Afrique, trop longtemps rapetissée sur les planisphères, pourrait enfin apparaître à sa véritable échelle : immense, diverse et centrale dans l’histoire du monde.

Kinshasa : une campagne pour célébrer les tresses naturelles et protéger la santé capillaire des femmes

À Kinshasa, l’ONG Bokolisi a lancé, ce lundi 11 août 2025, une campagne inédite pour inciter les femmes et jeunes filles à renouer avec leurs tresses naturelles.

Initiée dans la commune de Kimbanseke, cette action met en lumière non seulement la beauté et la richesse culturelle des coiffures traditionnelles, mais aussi les risques sanitaires liés à l’usage abusif de mèches et perruques artificielles.

Selon Claudette Simba, esthéticienne et coordinatrice de l’ONG, de nombreux produits chimiques contenus dans les extensions synthétiques peuvent provoquer irritations, allergies, démangeaisons et même la chute des cheveux. Certaines mèches importées contiendraient du plomb ou d’autres substances nocives qui, au contact direct de la peau, représentent un danger silencieux pour la santé des femmes.

« Il est temps d’arrêter de normaliser la souffrance au nom du style », a martelé Claudette Simba, appelant à privilégier des options capillaires sûres et responsables. Au-delà de la dimension esthétique, cette campagne ambitionne d’amener les Congolaises à s’approprier leur identité capillaire, en redonnant ses lettres de noblesse aux tresses traditionnelles.

À travers cette initiative, Bokolisi veut initier un véritable mouvement de fierté et de préservation de la santé capillaire, encourageant les femmes à choisir la sécurité et l’authenticité, sans sacrifier leur beauté. Une démarche qui résonne avec les luttes actuelles pour la valorisation des cheveux afro, en Afrique et dans la diaspora.

Soudan : une guerre oubliée, une population en détresse

Depuis avril 2023, le Soudan est plongé dans une guerre civile dévastatrice opposant l’armée régulière (SAF) aux Forces de soutien rapide (RSF). Ce conflit, né d’une lutte de pouvoir, a rapidement tourné au drame humanitaire.

Plus de 12 millions de personnes ont été déplacées, et des centaines de milliers ont trouvé la mort. Les régions du Darfour et du Kordofan, déjà marquées par des décennies de violence, vivent désormais sous le spectre de la famine et des massacres. Les RSF, accusées de crimes de guerre et d’épuration ethnique, contrôlent une partie du pays et ont même proclamé un gouvernement parallèle.

Sur le terrain, les civils paient le prix fort : hôpitaux bombardés, convois humanitaires détruits, famine généralisée. Dans certaines zones comme El-Fasher, la situation atteint le niveau le plus critique de l’échelle de la faim. Malgré tout, des milliers de familles déplacées tentent de rentrer à Khartoum pour reconstruire leurs vies sur des ruines.

Pourtant, cette crise reste largement ignorée par la communauté internationale. Derrière les chiffres, il y a des visages, des familles, des espoirs qui luttent chaque jour pour survivre.

Le Soudan est aujourd’hui le théâtre de la pire crise humanitaire au monde. Oublier ce peuple, c’est participer à son effacement.

Cuba face à l’effondrement de son tourisme

Autrefois considérée comme une destination incontournable des Caraïbes, Cuba traverse aujourd’hui une crise touristique sans précédent, qui met à mal son économie déjà fragilisée. L’île, qui misait depuis des décennies sur le tourisme comme pilier de développement, voit désormais ses hôtels désertés et ses plages moins fréquentées.

Des chiffres qui parlent d’eux-mêmes

En 2023, le taux d’occupation des hôtels n’a pas dépassé les 25 %, entraînant une chute drastique des revenus : près de 62 % de pertes en cinq ans. Les espoirs du gouvernement pour 2024 ; accueillir plus de 3 millions de visiteurs se sont vite éteints : seuls 2 millions de touristes ont foulé le sol cubain. La tendance reste morose en 2025, avec une fréquentation en baisse de près de 23 % par rapport à l’année précédente.

Une désaffection généralisée

Les principaux marchés émetteurs de touristes se détournent progressivement de Cuba. Le Canada, premier partenaire touristique, affiche une baisse inquiétante de 31,8 % en 2025. La diaspora cubaine, elle aussi, voyage moins : -18 % en 2024. L’Europe suit la même tendance, avec l’Espagne en tête de cette “chute libre” (-26,8 % en 2024). Même le marché russe, autrefois sauveur grâce aux promotions massives, s’effondre en 2025 (-58,2 %). Seules l’Argentine et la Colombie tirent timidement leur épingle du jeu avec de légères hausses.

Les causes d’un déclin annoncé

La liste des difficultés est longue :

  • Coupures d’électricité massives et infrastructures vétustes ;

  • Pénuries de carburant et de nourriture, compliquant la vie des habitants comme l’expérience des voyageurs ;

  • Insécurité grandissante et pauvreté, qui ternissent l’image d’une destination autrefois perçue comme sûre ;

  • Qualité des services en berne, hôtels mal entretenus, nourriture insuffisante ;

  • Sans oublier les catastrophes naturelles : ouragans et tremblements de terre qui effraient les visiteurs potentiels.

Construire malgré la crise

Malgré cette situation alarmante, le gouvernement cubain poursuit la construction d’hôtels, notamment à Varadero, où de nombreux complexes flambant neufs restent désespérément vides.
La crise touristique n’est pas qu’une affaire de chiffres : elle révèle une réalité sociale et économique difficile, où le quotidien des Cubains s’éloigne chaque jour un peu plus de l’optimisme affiché par les autorités.

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